L'allaitement - épisode II
Je suis contente. Je suis contente de moi. J'ai même envie de dire que je suis fière de moi. Allez, soyons fou, je m'autorise à être fière de moi mais il ne faut pas le crier trop fort, de peur de paraître prétentieuse.
Camille a eu 5 mois la semaine dernière et elle est toujours nourrie exclusivement au lait maternel. Pas de lait en poudre, pas de petits pots, pas de compotes. Du lait et c'est tout. MON lait. Celui que je fabrique chaque jour avec amour (non faut pas pousser non plus hein ! mes nénés travaillent bien, certes, mais moi, consciemment, je n'y suis pas pour grand chose !).
C'est une sacrée organisation. Je me balade partout avec ma boite à meuh (alias tire-lait, mais c'est moins rigolo comme petit nom). Le frigo et le congèle familial se sont transformés en lactarium. La vaisselle des biberons est multipliée par deux ou trois parce qu'il y a les biberons où je tire le lait, les biberons où je stocke le lait et les biberons qui servent à nourrir petite nenette. Ca fait deux mois et demi que j'ai repris le boulot et il n'y a rien de glamour à tirer son lait au travail. Bref, nous ne sommes pas au niveau le plus élevé de la simplicité. Mais le jeu en vaut la chandelle, je garde mon petit bout au sein au minimum deux fois par jour et ça c'est trop chouette.
Plus elle grandit et plus nous partageons de choses quand elle tète. Elle me caresse avec son petit bras pas encore très bien coordonné, je peux lui bisouiller la main, elle me regarde... Et puis à la fin de la tétée, elle me sourit, elle pousse un grand soupir comme pour me dire "aaaaah ça va mieux maman" (si si je vous jure c'est ce qu'elle dit !) et puis elle discute. C'est beau un allaitement comme ça.
Mais de plus en plus je me dis qu'il va falloir que je pense au sevrage... Bien que je n'en ai aucune envie, l'image d'un bébé "trop grand" au sein de sa maman n'est pas toujours bien vu dans notre société. Je m'étais dis qu'à six mois j'arrêtais de l'allaiter au sein mais je continuais à tirer mon lait et lui donner au bib'. Plus je me rapproche de cette échéance et plus je me dis que c'est stupide car ça ne va pas faciliter mon organisation et moins je me sens prête à arrêter. Ma fille est ma drogue douce et de l'avoir aussi prêt de moi me procure un bien immense. Alors je crois que pour le bien de la société je vais arrêter de nourrir ma fille au sein devant du monde d'ici un petit mois, mais pour notre bien à nous je vais garder nos tétées de bonjour et de bonne nuit, quand nous serons seules à la maison (papa et le chat se foutent un peu de ce que pense la société quand nous sommes tous les quatre lovés dans le canapé).
En plus de ça je devrais commencer la diversification alimentaire d'ici un petit mois, donc il faudra trouver une toute nouvelle organisation. En attendant, la société n'est pas encore trop choquée, ma fille ne mesure pas encore 68 cm, alors je profite d'elle blottie contre ma poitrine et de ses soupirs repus.
