Le mélange des sentiments

J-38

Tout se bouscule ! Dans ma tête, dans mon coeur, dans notre appartement ! C'est le grand déménagement à tous les niveaux !

Les cartons s'empilent, les placards se vident, les sacs compressibles se font aspirer pour tenir moins de place, les papiers s'accumulent, les démarches administratives s'effectuent les unes après les autres, la vie professionnelle continue, la vie sociale est plus remplie que jamais, la vie familiale est plus intense car l'échéance approche... Je survole tout ça, on est au four et au moulin, l'éducation que l'on veut positive se poursuit tant bien que mal avec la fatigue et le stress du départ... 

Et là, je prends 5 minutes pour me poser et mettre mon cerveau en veille. Et ma première réflexion c'est : "mais qu'est-ce qu'on est entrain de faire...". La culpabilité de maman me rattrape, voir me bouffe. Nous, ça fait sept ans qu'on parle de ce projet et qu'on veut le faire. On est prêt, on est au taquet. Mais elle... est-ce que je lui ai au moins demandé son avis ? (En même temps, serait-elle en âge de comprendre ma questions ? et surtout d'y trouver une réponse.)

Camille a tout ici. Elle a ses quatre grands-parents à moins de 15 minutes de chez nous. Elle a une nounou extra qu'elle adore et qu'elle réclame souvent. Elle a ses arrières-grands-mères, ses tontons, ses tatas, ses copains et copines. Elle a un appartement qu'elle connait par coeur. Elle a un chat à qui elle fait des câlins et disant "Coucou Mineeeeette". Elle a ses jouets, ses livres, son abeille à bascule, ses petites musiques, son panpan géant, ses poupées, son lit, son ukulélé, ses habitudes, ses repères... sa vie quoi... Alors pourquoi on va lui en inventer une, loin de tout ça et de tout ce qui ont fait sa vie et son bonheur jusqu'à maintenant ? Pourquoi faire plus de 5000 kilomètres pour ne pas aller trouver tout ce qu'elle a ici ? 

Voilà où j'en suis quand je prends cinq minutes. La prochaine fois que je voudrais mettre mon cerveau en veille, j'y réfléchirai à deux fois... Parce que maintenant, l'efficacité et la culpabilité ne matchent plus vraiment ensemble.

J-38

J'essai d'appliquer l'éducation positive avec ma fille, alors je vais essayer de l'appliquer avec moi-même. Comme je le disais, pour nous, c'est l'expérience de notre vie. On est plus que prêts, je n'ai pas à chercher du positif, le compteur est déjà plein à ras bord. 

Pour Camille, ce sera aussi une expérience dans sa vie. Certes, elle n'en aura pas beaucoup de souvenirs, voire pas du tout, mais ces six mois feront partis de sa vie d'enfant et de son développement. Elle aura vécu autre chose, différemment, sûrement plus intensément. Ces six mois à l'étranger vont être pour elle une découverte qui va forger son caractère et sa personnalité et qui vont, je l'espère, lui donner le goût du voyage. Elle va remplir sa bulle de rêves et grandir à travers le rêve de ses parents, l'espace de quelques mois. Le contact physique avec les personnes qui l'entourent et qu'elle aime lui manquera certainement quelques fois, mais les technologies actuelles nous permettront de rester en contact dès que l'envie et le besoin se feront sentir (en respectant quand même les six heures de décalage horaire !).

Notre challenge, en tant que parents soucieux du bonheur de notre enfant, ce sera de lui créer de nouveaux repères pour qu'elle se sente bien et en confiance (malgré le road trip prévu pendant deux mois). Mais tout aussi important, ce sera de lire l'émerveillement dans ses yeux de petite fille.

A priori, un enfant s'adapte très facilement, bien mieux que nous, adultes. Alors si c'est le cas, je pourrai vous dire qu'elle en a été la preuve. Mais pour l'heure, c'est la panique à bord !